Le Bal des pompiers: une vraie fête populaire
En France, le 14 juillet, c'est le jour de la fête nationale, l'anniversaire de la prise de la Bastille, début de la Révolution française.
Donc, le 14 juillet, toute la France fait la fête: grand défilé militaire sur les Champs-Élysées, retraite aux flambeaux1 dans les villages, feux d'artifice et bals populaires pour tout le monde.
Et voici le conseil que je veux donner à mes compatriotes allemands: ne ratez en aucun cas le bal du 14 juillet. Savez-vous qui invite la plupart du temps à ce bal? Les sapeurs-pompiers2. Notamment à Paris, Le bal des pompiers est une institution. Excusez mais ici il faut que je fasse une petite digression pour expliquer aux Allemands ce qu'est un pompier parisien pour un Parisien: un héros. Il est beau, il est valeureux, il sait répondre immédiatement avec une présence d'esprit3 hors pair4 aux situations les plus extrêmes. Non, non! ça n'a rien à voir avec les autres pompiers. Le pompier parisien, c'est le symbole absolu de l'efficacité. Et bien, c'est cette efficacité légendaire qu'il met à contribution pour transformer la cour de leur caserne en piste de danse le soir du 13 ou 14 juillet.Voilà, il ne manque plus que la grande banderole à travers la rue devant la caserne5, c'est fin prêt! Les pompiers vous accueillent! À l'origine la fête était organisée dans les casernes pour les pompiers eux-mêmes et leurs familles. Il y avait des jeux, des spectacles de théâtre, des démonstrations de gymnastique, des orchestres évidemment et parfois aussi l'élection de la Madelon6 des pompiers!
Le bal des pompiers pour tous: le 14 juillet 1937
Et puis, un certain 14 juillet 1937, alors que la fête battait son plein7 à la caserne de Montmartre, des Parisiens envieux8 auraient tapé à la porte et la caserne aurait laissé entrer une foule curieuse et vite enthousiaste. Ce fut un succès! Dès l'année suivante, les casernes des autres arrondissements parisiens faisaient de même.
Depuis, le bal des pompiers s'est imposé: un bal guinguette9 comme on l’aime en France. Cette nuit-là10, les Français font comme si les différences de classe n'existaient pas: Les pompiers et les civils, les jeunes et les yeux, les bourgeois et les prolos11; On est ravi de boire, de draguer12, de se côtoyer13. Il y a, je crois, dans cette tradition un vrai désir de cohésion populaire: la volonté de tout le monde de commémorer ensemble l'insurrection du peuple français et les grandes fêtes révolutionnaires qui suivent. Oui, il y a quelque chose de profondément émouvant dans ce bal du 14 juillet.
D’accord, depuis quelques années, la sono a tendance à remplacer l'orchestre, le charme est préservé je vous assure. Regardez-vous même, faites un tour14 à Saint-Fargeau, Champerret15, Montmartre, Sévigné pour ne citer que les bals les plus connus. Mais alors, pourquoi nous autres, Allemands, ne pourrions-nous pas transformer notre très compassée16, très solennelle et très ennuyeuse fête nationale du 3 octobre en un grand bal populaire? Et si on envoyait nos pompiers effectuer un petit stage en France?
VOCABULAIRE :
1La retraite aux flambeaux : une procession à la lueur de flambeaux (grandes bougies ou chandelles)
2Le sapeur-pompier = le pompier
3Avoir de la présence d’esprit : savoir agir (ou répondre par oral) dans toutes les situations
4Hors pair : unique, incomparable
5La caserne : lieu de travail des pompiers, où est entreposé le matériel et les véhicules
6La Madelon : la « miss »
7La fête bat son plein : la fête est bien lancée, tout le monde s’amuse
8Envieux : jaloux
9Un bal guinguette : un bal populaire. Une guinguette est un café populaire, en plein air, où l’on boit, mange et souvent où l’on danse.
10Cette nuit-là : pour parler d’un moment précis dans le passé, on ajoute « là ». Ce jour-là, nous avons vu la mer pour la première fois. Cette année-là, j’ai obtenu mon bac et mon permis de conduire.
11Prolo : abréviation de prolétaire
12Draguer : flirter
13Se côtoyer : être les uns à côté des autres, ici, sans distinction de classe sociale
14Faire un tour : aller vous promener à Saint-Fargeau, etc...
15Champerret, Saint-Fargeau, Montmartre, Sévigné sont des lieux parisiens
16Compassée : non spontanée, trop officielle, trop rigide